« To play or not to play »
PARIS JO 2024 Normandie
La semaine dernière, une folle information en provenance du Times s’est propagée dans le milieu sportif : le Japon voudrait annuler les Jeux Olympiques. Avant de rendre l’information publique, le pays du Soleil Levant s’assurerait d’abord d’obtenir les JO 2032, après ceux organisés respectivement à Paris puis à Los Angeles en 2024 et 2028.
Si le porte-parole adjoint du gouvernement japonais Manabu Sakai a déclaré à la suite de cette rumeur « qu’il n’y avait rien de vrai », Taro Kono, ministre chargé de la Réforme Administrative et figure clé du gouvernement, s’est exprimé d’une voix discordante le 18 janvier dernier en disant que rien n’était à exclure.


Face à ces rumeurs qui ne cessent de prendre de l’importance, le président du Comité International Olympique (CIO) Thomas Bach a tenté de les balayer en déclarant : « Nous n’avons à cet instant aucune raison de croire que les Jeux Olympiques à Tokyo ne s’ouvriront pas le 23 juillet dans le stade olympique ».
Pourtant, officieusement, le Japon et le CIO attendraient un évènement identique à celui de mars 2020, quand l’Australie et le Canada avaient indiqué ne pas vouloir envoyer d’athlètes, pour justifier et légitimer une éventuelle annulation.
Thomas Bach, Président du Comité international olympique depuis 2013
L’opinion publique aujourd’hui est d’ailleurs très largement opposée à la tenue des JO ; 4 japonais sur 5 souhaitant un nouveau report ou même une annulation selon un sondage récent. Ce sont d’ailleurs ces chiffres qui pousseraient le gouvernement à faire le choix d’une annulation tandis que le premier ministre Yoshihide Suga est en perte de vitesse dans les sondages et que des élections législatives doivent se tenir d’ici l’automne. Le parti libéral-démocrate au pouvoir prendrait un risque important en assurant l’organisation du plus grand évènement sportif à la défaveur nationale.

Tokyo
L’annulation des Jeux Olympiques représenterait un manque à gagner de 35,6 milliards d’euros, équivalent à 1% du PIB du Japon, selon une étude réalisée par un professeur de sciences économiques de l’université de Kansai. Cette somme comprendrait d’une part l’organisation des JO mais également les effets résultants de celle-ci. Ainsi, le Japon a dépensé 25 milliards de dollars (soit environ 20,5 milliards d’euros) dont les trois quarts étaient des fonds publics. Dans cette étude, les différentes perspectives ont été chiffrées. Un nouveau report génèrerait un coût de 5 milliards d’euros alors que la tenue de l’évènement à huis clos serait synonyme d’une perte de 19 milliards, chiffre ramené à 11 milliards d’euros si la moitié du public était présente.

Si le budget des JO de Paris 2024 s’élève pour l’instant à 8 milliards d’euros, les dépassements de coûts sont inévitables. Une revue des risques de surcoûts engendrés par la crise du Covid-19 est prévue d’ici la fin de l’année par les organisateurs.



Reste à savoir si la Covid-19 aura raison de la compétition sportive la plus universelle et fédératrice au monde. Si on souhaite maintenir coûte que coûte cet évènement, ne sera-t-il pas tronqué si des nations ne veulent pas envoyer leurs athlètes ?
À l’heure actuelle, beaucoup de question restent en suspens… Alors, to play or not to play ?


